DB Multiverse

Durant les six secondes que durèrent la disparition de Son Bra et Gohan, Cell, qui venait de reprendre ses esprits, ne perdit pas de temps. L’occasion était trop belle. Il venait de se prendre une belle correction, et il voyait maintenant qu’ils ne parviendraient pas à la battre de manière conventionnelle. S’il voulait survivre à ce chaos, il devait éliminer son prétendu maître, maintenant.

Il se jeta sur Babidi en déployant toute sa puissance, mettant le maximum de force dans son poing. Le voyant approcher, Babidi tendit les bras vers lui et s’écria, paniqué :

– Obéis-moi et arrête ! Obéis-moi, obéis-moi, obéi--

Au moment où Cell s’apprêtait à détruire le bouclier et le sorcier avec, il fut soudainement frappé violemment au visage d’un rapide coup de pied de Son Bra, qui venait de revenir. Tout en se débarrassant de Son Gohan, elle avait conservé son attention vers l’arène, et avait senti Cell passer à l’action.

– Dans vos rêves ! C’est fou, on peut pas vous laisser deux secondes sans que vous fassiez une fourberie ! De toute manière, j’ai que toi et les frangins à surveiller, vous êtes les seuls à pouvoir briser ma barrière. Je ne vais pas vous lâcher un instant !

– Espèce de garce ! s’exclama Cell en reprenant contenance et en se jetant sur elle.

Comme avec son frère de l’univers 16, Son Bra s’amusa à bloquer les coups de Cell d’une seule main. Cependant, au bout de quelques échanges, quelques attaques passèrent à travers sa garde et vinrent la frapper directement en plein visage. Déstabilisée, elle chancela, et Cell profita de l’ouverture pour la rouer de coups. Agacée, Son Bra se ressaisit et s’élança en arrière, portant un puissant coup de pied en plein menton à Cell qui expulsa une giclée de sang. La Saiyanne se ressaisit et se lança dans un violent pugilat avec l’être parfait.

– Je l’admets, t’es peut-être bien le plus costaud, Cell ! se réjouit-elle. Même Gohan ne m'a pas obligée à me battre avec mes deux mains ! T’as gagné, je vais t’exploser à la régulière !

Tandis que les deux combattants se livraient à une joute extrême, les deux Piccolo réfléchirent, poursuivant en Namek afin que leurs pensées ne soient pas interceptées :

– Cell tient tête à Son Bra, pour l’instant !

– Oui ! Profitons-en pour soigner Gohan ! Mais le mien a disparu, je ne ressens plus sa présence…

– Bon, je fonce sur l’autre. On n’a pas de temps à perdre.

À ce moment, le dit Son Gohan apparut d’un coup entre les deux Piccolos, qui furent abasourdis. Leur choc fut encore plus grand en voyant sortir un Cell Junior microscopique des cheveux du Saiyan. Enjoué, le rejeton miniature les apostropha :

– J’ai tout entendu, je suis avec vous ! Je suis votre téléporteur !

– Quand est-ce que Cell a fait ça ? s’étonna Piccolo de l’univers 18, sidéré.

– On s’en fiche, profitons-en, rétorqua son double en prenant un Senzu de sa bourse. L’autre Gohan a un Junior aussi ?

– Oui ! Il ne devrait pas tarder à réapparaître ! répondit le micro-Cell Junior.

Au même moment…

Le Son Gohan qui avait été téléporté dans le vide spatial recherchait désespérément la localisation de l’arène. Il était certain que Son Bra n’avait pas eu le temps de le propulser bien loin dans le feu de l’action. Il devait donc pouvoir retrouver sa signature énergétique, et voler dans sa direction à pleine vitesse. S’il n’y parvenait pas rapidement, l’asphyxie le gagnerait tôt ou tard. Quelle plaie de ne pouvoir se téléporter !

Mais tandis qu’il pestait intérieurement, une petite voix aigüe résonna dans sa tête :

“ T’inquiète !”

Il sentit des mouvements dans sa chevelure, et vit avec stupéfaction un Cell Junior minuscule en jaillir. Un grand sourire aux lèvres, le rejeton de Cell lui dit :

“Je suis là pour toi ! Papa a eu l’idée de nous concevoir en regardant le grand Buu faire ! Je peux utiliser le déplacement instantané en me concentrant sur la bonne énergie, alors… Prépare ton meilleur punch dès maintenant !”

Le choc initial passé, Son Gohan reprit contenance et serra le poing en y mettant autant de force que possible.

“Je vois, allons-y alors, tu sais ce que tu as à faire !” s’écria-t-il.

Cell s’était de nouveau surpassé, avec une stratégie pareille. Même si Gohan le détestait, il reconnaissait l’exceptionnelle intelligence de l’être parfait. Il ignorait si Cell avait rompu le sortilège de Babidi ou s’il avait joué son jeu, mais il était content de l’avoir de leur côté. Pendant qu’il retenait Son Bra, lui-même allait pouvoir mettre fin à ce combat sanglant en pulvérisant Babidi.

Alors qu’ils combattaient férocement, Son Bra gagnait de plus en plus de terrain sur Cell, dont le visage formait une grimace de douleur toujours plus prononcée à chaque échange. Il donnait du fil à retordre à la fille de Vegetto grâce à ses mouvements atypiques, mais la Saiyanne était de loin plus rapide. Il commençait à ressentir de nouveau ce sentiment de complète impuissance qu’il avait vécu quand Son Gohan l’avait de loin dépassé avec son Super Saiyan 2. Cette aura électrique et ces cheveux en pointe étaient toujours un cauchemar écoeurant.

D’un revers de la main, Son Bra lui mit une gifle à pleine vitesse et l’expédia plusieurs mètres plus loin. L’être parfait se réceptionna à l’aide d’une main au sol, et donna un puissant coup de pied dans la joue de la Saiyanne qui chancela. Elle n’en perdit pas moins l’équilibre et agrippa la jambe de Cell. Elle le fit tournoyer autour d’elle, lui donnant la nausée, et l’envoya dans les airs. Elle se téléporta au-dessus de lui et le frappa avec force, le renvoyant de nouveau s’écraser contre terre.

Cell parvint à se relever rapidement et se lança droit vers Son Bra qui esquiva ses assauts en se moquant de lui.

– Tu commences à perdre en vitesse ! C’est tout ce que tu as à me proposer ?

“Bordel !” jura Cell. “Qu’est-ce qu’ils font, ces abrutis ? Dépêchez-vous de trouver une solution !”

Il jeta un coup d'œil en direction des Piccolo, mais son bref regard n’échappa pas à Son Bra qui suivit le mouvement de ses yeux. Elle vit les Nameks auprès de son frère, en train de lui donner des Senzus. Elle remarqua également la présence du mini-rejeton de son adversaire. Ses informations allaient lui être précieuses pour éviter de mauvaises surprises.

– Mignon, le Junior en soutien ! le railla-t-elle. Comme si cela allait vous sauv--

Elle s’interrompit dans un cri de souffrance. En un clin d'œil, le poing de Son Gohan de l’univers 18 venait d’apparaître et de s’abattre en plein sur son visage, sur le signal de son Junior. Sonnée, elle s’effondra à terre.

– Imbécile ! C’est Babidi qu’il fallait viser ! cria Son Gohan avec colère à l’encontre de son téléporteur.

– Ah… Aaah ! Pas bête ! s’exclama le Cell Junior qui venait de réaliser sa bêtise.

– Mais c’est pas vrai, aucun pour rattraper l’autre ! gronda Cell en s’envolant dans les airs.

Il n’avait pas le temps de s’occuper de Babidi. Son Bra risquait de réagir trop vite s’il se précipitait vers lui. Entre consacrer quelques secondes pour tenter de neutraliser le sorcier, et utiliser cette unique opportunité pour se débarrasser d’elle, le choix était vite fait. Il forma deux Kienzans dans les paumes de ses mains et les expédia à pleine vitesse dans sa direction.

Mais il fut accueilli en retour par une vague déferlante surpuissante qui pulvérisa les disques d’énergie, et le frappa en pleine épaule. Tout son bras et la partie droite de son torse furent désintégrés. Cell poussa un hurlement de douleur et atterrit aux côtés de Son Gohan. Tandis qu’il se régénérait, Son Bra se redressait en pestant.

– Vous commencez sérieusement à me taper sur le système, maintenant ! dit-elle avec fureur. Je me suis assez amusée, je vais vous faire connaître l’enfer !

– À MOI !

La petite voix perchée de son maître percuta ses oreilles. Plus loin, le bouclier de Babidi était pris d’assaut par de fins rayons provenant… Des Héloïtes !

Au même instant, Cell et Son Gohan foncèrent droit sur elle. Elle n’eut d’autre choix que de les fuir en se téléportant instantanément auprès du sorcier. Elle l’agrippa et le sortit in extremis de son bouclier avant qu’il soit détruit par la technologie de ces guerriers de l’univers 19.

Elle se posa au sol et posa son maître à terre, derrière elle.

– Comment ? dit-elle en se crispant. Cell ne les avait pas… ?

L’être parfait poussa un ricanement.

Quelques minutes auparavant…

Cell tenait Phipsil de l’univers 19 au bout de son bras. Nedwook était quasi-inconscient, pendu au bout de l’autre bras. L’appendice de Cell était planté dans le cou de la jeune femme, et semblait la torturer.

Mais en réalité, Cell avait un tout autre but en tête...

Dans la tête de Phipsil, la voix du cyborg se fit entendre.

“Par ce biais, personne ne peut capter notre conversation. Plus pratique que la télépathie, même si un brin douloureux pour toi. Maintenant, réponds-moi en pensées. Vous autres avez des nano-machines qui guérissent vos blessures. Quand je vous aurai lâchés, serez-vous en mesure de reprendre le combat ?”

“Qu… Quoi ?”

“Ne demande pas pourquoi. Contente-toi de me répondre.”

“On en aurait pour quelques minutes. Mais pour quoi faire ? Notre pack d’énergie est vide, de toute façon.”

“Pouvez-vous le recharger ?”

“Non. Mais on pourrait prendre celui des autres Ultras tombés au combat.”

“Entendu. Faites ça discrètement, alors. Je vais avoir besoin de vous pour combattre Babidi et ses pions restants.”

“Mais… Pourquoi faites-vous ça ?”

“Pendant la bataille, je suis parvenu à échapper au contrôle mental de Babidi. Mais il dispose d’un élément de taille. Pour le surprendre, je joue encore son jeu officiellement. Mais je suis de votre côté !”

“Vous auriez pu jouer moins fort… Mais c’est compris. Envoyez-nous dans notre balcon.”

– OK, dit Cell avec un rictus en lâchant les prétendus corps inanimés dans l’espace en ruines de l’univers 19.

Pendant la suite des combats, les rares mouvements de Phipsil passaient inaperçus au milieu des explosions. De plus, chacun avait un adversaire et nulle envie de regarder ailleurs. Elle avait rampé vers Naurb, qui les avait trahis pour une raison qu’elle n’osait se remémorer. S’il n’avait plus le contrôle de ses actes, c’était d’autant mieux de le délester de sa source d’énergie.

Sortir la batterie, même d’un soldat inconscient, n’était possible que par un Ultra ou un technicien Hélioïte avec un haut niveau de sécurité. Consciente qu’elle ne tiendrait plus longtemps, elle échangea d’abord son propre pack d’énergie, puis resta immobile une ou deux minutes de plus.

Quand elle se sentit légèrement mieux - c’était à peu près lorsque Son Bra était sortie de sa tanière - Elle rampa cette fois vers Loopwhirl. Le gai compagnon était allongé sur le dos, les yeux encore ouverts dans une grimace terrible. Elle essaya de se concentrer sur sa mission, de se dire qu’en ce monde-là, il y avait moyen de revenir de la mort. Mais il était difficile de le croire, même en l’ayant vu arriver entre deux tours du tournoi.

Une petite et pourtant si caractéristique entaille était visible dans son armure au niveau du muscle cardiaque. Le “trait au cœur”, comme ils l'appelaient, était la technique d'exécution la plus efficace d’un Ultra. Ils s’étaient beaucoup entraînés à viser en un instant cet organe primordial et tirer leur laser dessus, avec un minuscule mouvement. Le cœur coupé en deux. Fin. Leurs nano-machines pouvaient faire bien des choses, mais pas réparer un cœur. Que ce Kakarotto y ait survécu était d’ailleurs très suspect.

Malheureusement pour eux, Naurb était un maître, et de ses deux bras, avait tué en même temps deux Ultras avec cette technique. Heureusement, si l’on peut dire, ils étaient quatre adversaires, et juste par chance, parce que ce n’était pas eux que Naurb avait visé, Phipsil et Nedwook avaient survécu, et réagit immédiatement. Deux traits au cœur sur leur traître compagnon d’arme.

Elle pensait à l’horreur de cette situation en rampant vers Ned, armée de sa nouvelle batterie. Puis s’arrêta d’un coup, son sang se glaçant, alors qu’elle repérait le vol d’une personne à des dizaines de mètres de là. De longues secondes plus tard, elle reprit sa route et atteint le seul autre Ultra survivant. Une fois l’échange fait, elle resta sur le sol. Quelques minutes étaient nécessaires pour que leurs plus grosses blessures à tous les deux soient bien cautérisées.

Quelques minutes de repos dans la douleur et l’appréhension de se prendre un dommage collatéral.

Au même instant, un troisième mini-Cell Junior arriva auprès de Majin Buu, qui était toujours assommé. Il cria à son oreille :

– Aide-nous, Majin Buu ! Il faut tuer Son Bra, tu peux aller la manger !

– Gneuuu… Hein ? fit Buu en se redressant avec difficultés. Elle est pas avec nous, elle ?

– Non, elle retient maître Babidi en otage ! Viens nous aider, vite !

– D’accord ! s’exclama Buu en se tenant debout comme si de rien n’était, sa joie enfantine prenant le dessus.

De leur côté, les deux Piccolo et Gohan étaient de nouveau prêts au combat. Ils avaient eu des difficultés à lui faire avaler le Senzu, car il était dans un état lamentable. Mais le demi-Saiyan était de nouveau en pleine possession de ses capacités.

Tous vinrent se tenir à distance respectable de Son Bra. En voyant Majin Buu, les Héloïtes et les Juniors minuscules, la Saiyanne se crispa.

“Quel salopard… Depuis le début, Cell se crée des alliés !”

Alors que son œil droit se couvrait d’un filet de sang cramoisi, les combattants se mirent en position. Fier de son succès, Cell s’exclama :

– Elle ne pourra pas nous stopper tous ! C’en est fini pour ce cloporte de Babidi !

Buu de l’univers 4 était aux anges. Le combat final était enfin mis en place.

D’un côté, Cell était parvenu à former une ligue de puissants combattants tout au long de la mêlée générale : deux Son Gohan, deux Piccolo, deux Héloïtes, Majin Buu et trois micro-Cell. Cette équipe avait le potentiel de venir à bout de Babidi. Pour éliminer le sorcier, elle était parfaite. Pour la Saiyanne, rien n’était moins sûr.

De l’autre côté, Son Bra était une adversaire extraordinaire. Bien que blessée de façon superficielle, elle avait une large supériorité sur tous ses ennemis. Elle était bien plus rapide, et un seul de ses coups pouvait mettre n’importe qui au tapis. Même Son Gohan. Son pouvoir en Super Saiyan 2 était beaucoup trop grand, beaucoup trop… Grisant.

L’état d’esclave mental, le Majin, exacerbait la folie destructrice et le sentiment de contrôle de l’adolescente, dont le désir le plus cher avait toujours été d’avoir la maîtrise de cette puissance. Ce niveau avait déclenché tant de catastrophes qu’elle l’avait toujours redouté. Elle éprouvait de profonds regrets au souvenir des nombreux dégâts qu’elle avait pu faire, et la terreur des conséquences l’avait tiraillée depuis qu’elle s’était transformée pour la première fois.

Mais à l’instant où Babidi était parvenu à briser sa résistance pour faire disparaître ces valeurs morales et amplifier des centaines de fois ses émotions négatives, Son Bra avait plongé dans un tel état d’extase que sa volonté était désormais acquise à celle de son maître. Pour elle, c’était désormais la liberté totale. Le contrôle. L’insoumission aux chaînes de son enfance. Elle était sur un petit nuage et se laissait porter par les courants qu’elle sentait déferler en elle. Ces vagues électriques qui crépitaient dans l’aura de ce Super Saiyan 2, qui était enfin à elle. Pas celui d’un immonde parasite qui le lui avait volé temporairement, et utilisé avec une écœurante efficacité contre son père, sur un astéroïde perdu dans l’espace. Pas celui que Vegetto et ses proches s’évertuaient tant à réprimer. Non, c’était son pouvoir. Elle ne laisserait personne lui dicter à nouveau sa conduite.

Buu s’amusait à cerner la psychologie de la jeune Saiyanne. Elle était tellement prise dans son affrontement que son esprit était un livre ouvert pour le Djinn. Ce n’était pas la première fois qu’il jouait avec la conscience des êtres doués de pensée. Il avait déjà provoqué des guerres planétaires en manipulant des dirigeants pacifiques pour son simple amusement. Il se jouait de leurs désirs et de leurs peurs pour les diriger telles des marionnettes entre ses doigts. La sorcellerie de Babidi était très similaire à sa magie, et bien que Buu le déteste, il appréciait l’art de ce maléfice dans lequel son ancien maître excellait. Lui-même utilisait une technique différente pour corrompre un esprit faible, mais la majinisation était efficace.

Et celui de Son Bra lui offrait une lecture palpitante : complètement soumise à Babidi, elle était incapable de lui opposer une quelconque résistance tant elle était portée par l’ivresse de son état actuel. Amorale au possible, dans la plus pure tradition de la race des Saiyans. Elle avait été compliquée à corrompre, mais les cris de ce Hatchiyack et le choc émotionnel infligé par la possession de Ginyû avaient beaucoup contribué à fragiliser son esprit et la rendre plus sensible au sortilège du magicien.

Maintenant, Buu voulait voir deux choses précises : Son Bra serait-elle capable de tuer ses adversaires de sang-froid ? Pourrait-elle tuer son frère, aimant et tant présent dans sa vie et son cœur, sans sourciller ?

Et surtout, la grande question : quel camp allait emporter la victoire finale, qui appartenait pour le moment à Babidi et sa poupée sans volonté ?

La Saiyanne était en sueur. Tout ne se passait pas comme prévu. Elle se savait bien plus forte que ces vermisseaux. Mais elle avait déjà subi un coup sévère, et il suffisait qu’ils soient bien coordonnés pour abattre son maître. Elle pouvait les dominer sans aucune difficulté, mais Babidi se révélait finalement être un immense fardeau qu’elle ne pouvait se permettre d’avoir dans les pattes.

En un instant, elle sentit un début de mouvement chez ses ennemis. Cell s’apprêtait à lever le bras pour utiliser le déplacement instantané. Les Gohan sollicitaient leurs muscles pour foncer droit sur elle. Les Héloïtes allaient très bientôt pointer leurs lasers dans sa direction. Plus le choix, elle devait agir maintenant.

Bien plus rapide qu’eux, elle créa instantanément un large bouclier autour d’elle et Babidi, et s’évapora en sa compagnie, ne laissant qu’un grand trou mi-sphérique dans le sol. L’équipe survivante fut déstabilisée par la manœuvre.

– Ils se sont enfuis ! s’exclama Nedwook.

– Grr, Son Bra a compris qu’elle ne serait pas capable de défendre Babidi contre nous tous, admit Piccolo en serrant les poings. Elle va très vite revenir, mais sans lui.

– Profitons-en pour monter un plan d’action, alors ! s’écria Phipsil. Quelles stratégies de groupe connaissez-vous ?

Tout le monde se regarda, mal à l’aise. Ni Gohan, ni Cell, ni Piccolo n’étaient capables d’apporter une réponse à une telle question. Pour le Saiyan, le seul combat en équipe qu’il ait jamais livré se résumait à leur lutte désespérée contre Freeza sur Namek, aux côtés de Kulilin et Vegeta. Et encore, le terme “survie” était plus adapté. Contre Nappa, ce fut encore pire. Piccolo en avait encore un souvenir cuisant. Quant à Cell…

– Eh bien, à vrai dire, on improvise comme on peut sur le moment... , fit Son Gohan de l’univers 18 en s’empourprant.

– On était souvent dépassés, et on s’est juste démenés comme des diables jusqu’à ce qu’on trouve enfin une solution, ajouta Piccolo en détournant les yeux.

– Pardon ? déglutit Phipsil.

– Comment vos univers ont-ils tenu le coup jusque-là ? poursuivit Nedwook tout aussi choqué.

– Pour leur défense, ils n’ont généralement qu’un seul combattant à la hauteur, soupira Cell. Ou qui le devient au moment fatidique…

Les deux Piccolo ainsi que Gohan de l’univers 16 lui jetèrent des regards noirs. Ils n’avaient pas oublié que l’être parfait avait assassiné les deux Videl, et découpé les Nameks en morceaux. Son commentaire sarcastique ne faisait que raviver leur colère, malgré sa rébellion contre Babidi. Mais ils avaient besoin de lui pour lutter contre Son Bra. Ils n’avaient pas le choix.

– Pour rappel, Cell, c’est toi qui as eu un regain de puissance au moment de ton suicide, se permit de faire remarquer Gohan de l’univers 18. Tu es mal placé pour tes remarques ironiques, alors concentre-toi et réfléchis.

– Tsss, fit Cell en grinçant des dents.

Court silence glacial. De son côté, Majin Buu demandait à son micro-Cell :

– Contre qui je dois me battre, du coup ?

– T’as bien vu ! Cette méchante Son Bra a enlevé maître Babidi, il faut la battre pour le sauver !

– Ok ! se réjouit Majin Buu.

– Bon, dit Nedwook en se grattant les cheveux. Je vais prendre le commandement. Organisons-nous…

– Non, rétorqua Cell immédiatement.

– Mais… Il faut bien qu’on ait un plan ! Ce n’est pas par orgueil, je suis un tacticien de bataille chez nous, et…

– Je ne pense pas que ça soit utile, fit Gohan de l’univers 16. Ça me fait mal de le dire, mais Cell a raison. Nous ne sommes pas habitués à recevoir des ordres. Nous serions trop lent à les exécuter, à réagir. Dans le cas présent, tout ce qu’on peut faire, c’est résister et faire entendre raison à Son Bra. Foncer dans le tas et exploiter la moindre ouverture.

– C’est… C’est stupide ! dit Phipsil.

– On n’a pas le temps, répliqua un Piccolo. Elle sera là dans quelques secondes. Je vous communiquerai d’éventuelles stratégies par la pensée pendant le combat, en espérant qu’elle ne les capte pas.

– Ok. Cependant, j’ai une question : ce Babidi est à la base de tout cela, et notre but depuis le départ était de l’éliminer. Mais... Le tuer suffira-t-il à libérer votre amie ?

– Eh bien, à vrai dire, on ne sait pas, ce n’est pas une certitude…, répondit Gohan en arborant un air triste.

Son Gohan de l’univers 16 était effrayé à l’éventualité que Son Bra ne puisse se tirer du contrôle mental auquel elle était soumise. Il ne faisait aucun doute pour lui qu’elle ne s’était pas assujettie à lui volontairement. Il la connaissait depuis sa naissance, jamais elle ne se mettrait à genoux devant une telle vermine véreuse. Elle était une vraie tête brûlée, et pouvait parfois manquer de compassion. Elle avait certes des faiblesses et des points d’ombre, sur lesquels ils avaient travaillés de leur mieux. Mais sa jeune demi-sœur avait toujours donné le meilleur d’elle-même pour se montrer à la hauteur. Il savait qu’ils lui en avaient demandé beaucoup, et Goten avait fini par pardonner à Son Bra sa folie au bout d’un long moment, quand elle l’avait tué accidentellement. Durement réprimandée par Vegetto, elle avait commencé à développer de l’empathie pour les autres, grâce aux efforts particuliers de Gohan, Trunks, Pan, Chichi et Bulma. Mais il craignait que tout cela soit désormais impossible à faire ressortir sous la magie sombre de Babidi. La vraie Son Bra existait-elle encore ?

Pendant ce temps, dans l’espace, Son Bra réapparut avec Babidi, protégé par son bouclier d’énergie enveloppant un morceau de la surface de l’arène. La Saiyanne prit quelques secondes pour se remettre du coup que Son Gohan lui avait infligé. La pleine puissance de son frère alternatif n’avait pas suffi à l’assommer, mais il n’en demeurait pas moins un guerrier surpuissant. Un guerrier qu’elle admirait depuis sa plus tendre enfance.

…

Hein ?

– Go… Gohan ? murmura-t-elle, choquée.

La fierté qu’elle ressentait à l’égard de son grand frère lui revint. Lui qui avait toujours fait de son mieux pour l’aider à contrôler ses pulsions et cette puissance gigantesque qui la submergeait. Ces journées passées avec Pan, qu’elle considérait comme une petite sœur. Malgré ses défauts, son père qu’elle admirait autant qu’elle craignait…

– Mais… Qu’est-ce que je suis en train de foutre ?

Soudain, son esprit fut grisé par une nouvelle pulsion de ténèbres qui obscurcit à nouveau sa raison.

“Non non !” fit précipitamment Babidi dans sa tête. “Reste avec ton maître bien-aimé ! N’oublie pas qu’il t’a libérée de tes doutes... Ne te laisse pas entraîner par ces maléfiques pulsions et ces horribles souvenirs. Ce sont ces morales et regrets qui t’entravaient, limitaient ta puissance et tes actions !”

Le regard de Son Bra se durcit de plus belle, plus redoutable et cruelle que jamais. Elle jeta rapidement un oeil autour d’elle et dit à Babidi :

– Je suis la seule à savoir où vous êtes, maître. Vous devriez en avoir pour dix minutes d’oxygène. C’est plus que ce qu’il m’en faut pour les écraser, et revenir vous chercher.

– Eh ? Att--

Son Bra ne perdit pas de temps et posa ses doigts sur son front, se téléportant à nouveau en direction de l’arène. Elle ignorait pourquoi elle avait pris autant de temps, elle ne se souvenait pas pourquoi elle avait eu un blanc dans sa mémoire quelques secondes plus tôt. Ses adversaires l’attendaient, et ils avaient bénéficié d’un répit d’une trentaine de secondes. Elle leur souhaitait d’avoir su mettre ce temps à profit pour se préparer au mieux. Car c’était leur ultime résistance. Plus d’hésitation, elle allait les réduire en charpie !