DB Multiverse

DBM Universe 4: Buu

Écriture par Arctika

Relecture par Salagir


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[Chapter Cover]
Partie 3, Chapitre 8.

Chapitre 8

Héroïsme et charité


Dans un grand bâtiment, bâti sur un large astéroïde qui dérive tranquillement dans un univers calme et infini, de nombreuses personnes dorment, bercées par le paisible silence d’une nuit artificielle bienvenue.

Située au milieu d’un long couloir ténébreux. Une porte. Un grand “4” gravé dessus. La salle derrière est supposée être vide. Cependant, son locataire temporaire, censé être enfermé dans une boule de magie, se balade sous la forme d’une petite tête flottante qui gambade dans l’immense structure.

Mais pourquoi donc, alors que l’oiseau chargé de cet espace a vérifié qu’il n’y avait ni problème, ni présence derrière cette porte, pourquoi s’intéresse-t-on maintenant à cet endroit, tandis que nous sommes en plein récit d’une grande épopée des vingt dernières années de notre protagoniste ?

La porte s’ouvre. Dans cet appartement se trouve une cheminée, dont une flamme rougeoyante renvoie sur les murs des ombres alléchantes, plongeant le lieu dans une ambiance de semi-obscurité. Devant la cheminée, un tapis. Puis un fauteuil.

Sur le fauteuil, et de façon étonnamment surprenante, un grand individu rose, assis confortablement, la jambe croisée sur l’autre. Une longue crête, des lunettes en demi-lune, un châle en laine posé négligemment sur les épaules, une pipe relâchant de légères émissions de fumées de toutes formes dans l’air. L’individu haussa un sourcil et tourna la tête vers la porte. Et se mit à parler.

— Ah ! C’est vous ? Quelle étonnante visite ! Enfin, que dis-je donc là... Je vous ai amenés ici de façon élégante par une écriture raffinée et pleine d’habileté. Enfin, cela doit vous paraître fort étrange. Je vais arranger ça…

L’individu afficha un large sourire tandis qu’il leva son bras gauche mollement, et claqua des doigts.



SNAP !



Aaah ! Voilà qui est beaucoup mieux ! Bienvenue de nouveau dans ma perspective, messieurs-dames !



Comme vous le voyez, oui, nous nous trouvons actuellement durant la nuit qui suit le second tour du tournoi. Oui, les Vargas ont vérifié que l'appartement était bien vide. Et oui, je suis bien là. Cet endroit est plus que confortable, une fois aménagé dans un style tant bien rustique que chaleureux.

Et me voici donc avec vous, mon édictographe à la main, un livre sur les genoux. Ce n’est pas encore le moment de vous révéler les méthodes d’écriture et de transcription que j’ai apprises dans mon odyssée galactique. Nous allons donc rester à la bonne vieille méthode.



Vous l’avez lu, le premier vrai chapitre de mon histoire s’achève sur une perspective intéressante. Dans cette anecdote de cette palpitante aventure, je viens de découvrir les bénéfices considérables de l’absorption. À la fin de cette introduction, après avoir absorbé ce prétentieux personnage doué de la clarinette galactique, je contemple les cieux de ce monde qui, vingt ans plus tard, a été réduit en cendres par l’une de mes nombreuses expériences. Mais c’est une autre histoire. Vous vous demandez sans doute ce qui va arriver à tous ces habitants qui fuient devant ce qui paraît, et je reconnais que c’était le cas, une crise d’euphorie passagère.



Comme ce chapitre débute sur une légère ellipse de quelques mois, et que je m’ennuie à l’idée de faire un retour en arrière détaillé, disons que j’ai eu un élan d’adrénaline et que j’ai assimilé pas moins de trente-trois aliens. Notamment des scientifiques. J’ai réalisé que certains étaient de vrais chefs dans leurs domaines, reconnus dans plusieurs systèmes. Ce monde était en fait l’un des centres névralgiques de la galaxie dans laquelle je me trouvais. Je ne vais pas vous embêter avec des histoire de nord, sud, ouest, est, ou le cinquième point cardinal que les terriens ne connaissent pas. Je laisse aux Kaiôs le soin de vous l’expliquer. En tout cas, de nombreux systèmes et une infinité de micro-galaxies composent ces grandes parties fractionnées et gérées par les divinités de bas rang. Et je me trouvais à la charnière de deux d’entre elles.



Rappelez-vous le regard que j’ai porté sur les bâtiments technologiques de cette première planète. Cela a été l’éveil de ma curiosité scientifique, à ses balbutiements. Mon esprit était toujours encombré de pensées combatives, et ma nouvelle passion pour l’art occupait seulement, disons seulement un tiers de mes priorités.

Mais mon évolution n’en est alors qu’à ses prémices. L’univers a tant à offrir, à montrer. Il est si vaste, empli de mystères et de merveilles de toutes sortes. Et tellement de talents en grand nombre, inexploités ou mal employés par leurs détenteurs…

Ce court prologue de chapitre commence à se faire long. Je vais donc laisser place à la narration de ma prochaine aventure. Je vous place le contexte en quelques mots : planète, émotions, héros, diable. Bonne lecture !

Trois mois plus tard.

Au sommet d’une énorme montagne couverte de cristaux pourpres dont les pics touchaient presque la voûte céleste, à la limite de l’espace obscur, glacial et vide du précieux oxygène vital à de nombreux êtres vivants, on pouvait distinguer les mouvements d'un individu en train de s’affairer parmi les formations cristallines.

Tout être à la constitution faible ou à l’organisme inadapté à cet environnement de gel et de pression en altitude aurait succombé en l’espace de quelques secondes. Mais ce n’était qu’un détail sans importance pour Buu, qui s’attelait depuis maintenant trois heures à creuser des galeries dans la paroi de la montagne, afin d’en extraire les minerais, n’hésitant pas à parcourir l’extérieur malgré les vents puissants et la foudre fugace qui traversait le ciel cramoisi.



Depuis que le Djinn avait absorbé des scientifiques dans son périple des derniers mois, il était obsédé par les plus petits mystères de la nature. De la faune et la flore d’un monde à la constitution de son atmosphère, il voulait comprendre l’essence des choses, leurs effets, leurs caractéristiques. Tout comme il analysait les mouvements d’un adversaire pour mieux s’approprier sa façon de combattre et le dépasser, il voulait saisir la nature de tout ce qu’il trouvait fascinant, afin d’en tirer une quelconque utilité dans sa quête de perfection. Et puis, cet objectif en sous-entendait un autre, incontournable : accumuler le plus de connaissances possibles. Être la plus grande encyclopédie de l’Univers, en quelque sorte. Et donc, le moindre élément devenait une source de savoir, et une ressource stockée dans sa mémoire.

L’image qu’il s’était forgée de son esprit fonctionnait bien : une énorme bibliothèque en forme de grande tour, dont on ne voyait pas le sommet aux hauteurs infinis. Cet espace était immensément grand, et pourtant il était si vide. À chaque découverte que Buu faisait, son esprit lui semblait s’agrandir toujours plus en conséquence. Il était excité par l’ampleur de cette tâche, qui donnait enfin un défi à sa longue vie éternelle sans combat. C’était une autre forme d’affrontement, et il adorait ça.

Cette exaltation se conjuguait avec ses nouveaux invités scientifiques. Il ne comprenait pas ce phénomène, mais les émotions des personnes qu’il absorbait avaient un impact plus ou moins important sur les siennes, et sur sa façon de penser. Sur ce dernier point, Buu n’était pas inquiet, car même si la moralité des gens au bon cœur était présente, il se délectait sans problème d’un bon carnage planétaire quand il le voulait. Mais la pitié, la curiosité et l’excitation étaient des sentiments dont la force se multipliait. Ainsi, son intérêt scientifique était poussé de plus belle par des hôtes comme Bulma. C’est pourquoi il s’était arrêté sur ce monde, dont le pic plus que visible depuis l’espace rayonnait de cette teinte écarlate.



Du côté des absorbés, Buu avait formé une pièce spéciale pour les contenir. Imperméable à toute intrusion extérieure, les cocons solidifiés par des renforcements d’énergie, plus rien ne serait capable de le priver de ceux dont il faisait l’acquisition. Il ne saisissait néanmoins pas le fonctionnement de son propre organisme. Plus il assimilait de personnes, plus son intellect et ses facultés grandissaient. Mais à terme, il n’aurait sans doute plus de place pour contenir ses proies. Toutefois, son corps semblait s’adapter et stockait les victimes de lui-même. Buu commençait à se demander s’il était en capacité d’absorber la population de l’univers tout entier. Il n’avait pas du tout l’intention de le faire, mais c’était une réflexion intéressante.



Perdu momentanément dans ses pensées, Buu arracha un cristal d’un pourpre plus éclatant que les autres, incrusté profondément dans les murs solides de la caverne. Une certaine énergie semblait émaner de ce fascinant minerai. Tout d’un coup, la montagne se mit à trembler violemment. Dubitatif, Buu étendit sa perception à la planète dans sa totalité, et comprit que c’était le continent entier qui subissait ce phénomène. Il comprit aisément que c’était cette pierre qu’il venait de prendre qui déclenchait ces violentes secousses. Serait-ce le coeur de la montagne ? Comment cela était-il possible ? Quel était le lien entre un cristal d’énergie et ce massif montagneux, qui semblait souffrir de ce larcin scientifique ? Peut-être fallait-il remettre le minerai en place ?

Curieux et excité, Buu remit promptement l’objet à son état d’origine, et peu à peu, les tremblements s’apaisèrent. Le Djinn était fasciné. Le cristal avait des propriétés consubstantiellement liées à son environnement. C’était étrange, un phénomène inconnu de tous ces scientifiques en lui. Et Buu était motivé à comprendre ce mystère de la science et de la nature.

Pendant une semaine, le Djinn resta sur cette planète, à étudier les cristaux qui composaient l’intérieur de la montagne et ornaient ses immenses versants. Le monde en lui-même ne proposait rien d’autre. Toute vie était impossible dans ce milieu hostile. Le mont constituait presque un tiers de la surface de la planète, et un froid intense se répandait sur l’ensemble des terres gelées et désertes. Buu fit rapidement le lien entre l’énergie déployée par le cristal qu’il avait trouvé et l’état de l’environnement de l’astre. Il ne pouvait dire depuis combien de temps cette pierre exploitait cette énergie, ni d’où celle-ci provenait, ou encore pourquoi elle avait de telles conséquences. Et encore moins pourquoi elle se trouvait insérée tel un coeur de glace dans les entrailles de cette immense montagne.

Buu eut quelques difficultés à émettre des hypothèses et des analyses, car d’innombrables suppositions tourmentaient son esprit, toutes inspirées par les divers scientifiques de son corps. Chacun lui faisait penser à une théorie différente, à des expériences à mener, à des mises en garde quant à la manipulation de cette étrange force de l’univers. Et il en avait assez de devoir faire le tri constamment dans ses pensées. Il voulait être aux commandes, mais il ne parvenait pas à garder un contrôle absolu sur l’influence de ses “invités”. En fin de compte, le plus grand mystère de la science et de la sorcellerie, c’était sa psyché et son organisme. C’était son absorption. C’était lui.



“Il faut détruire ce cristal !”

“Il faut le creuser et voir comment il est à l’intérieur !”

“Si on l’enlève, la planète va mourir, elle va exploser !”

“C’est une source d’énergie majeure pour des civilisations avancées !”

“Il peut…-”

– La… FERME ! explosa Buu dans un cri de fureur et de démence.



Il déploya son énergie alors qu’il se trouvait dans les nombreux tunnels qu’il avait creusés. Dans une puissante onde de choc, le versant de la montagne dans lequel il était explosa avec fracas, révélant un large cratère qui montrait l’intérieur de l’édifice naturel au reste de l’univers. De violents éclairs entouraient le corps du Djinn qui se tenait la tête, pris de spasmes furieux.

– Taisez-vous, imbéciles ! Ce sont vos connaissances qu’il me faut, pas vos suggestions ! Vous n’êtes que des outils, alors restez des légumes inconscients, bande d’abrutis !



Un bruit assourdissant se fit entendre dans son dos, estompant immédiatement toutes pensées intérieures, et l’interrompant dans sa fureur. Il se sentit tomber brutalement vers le sol, alors qu’il était sur une côte de la montagne. Comment pouvait-il chuter d’un sol stable et seulement incliné ? Il s’envola prestement à plusieurs centaines de mètres, à la limite de l’atmosphère. Surpris, il se retourna pour voir l’immense montagne qu’il lui faisait face. Littéralement. Du haut de ses centaines de kilomètres de hauteur, un visage creusé dans la pierre le fixait, deux énormes yeux aux iris bleus et froids comme la mort, plein de courroux. Au niveau de ce qui semblait être une épaule, l’énorme plaie béante que Buu venait de provoquer. La montagne avait laissé place à un immense géant, illuminé par les cristaux pourpres qui irradiaient, comme boostés par une énergie nouvelle.

Le géant émit de forts grognements inintelligibles d’une voix sourde, que Buu ne comprit pas. Mais il n’avait pas besoin de chercher une traduction : ce golem immense dormait, et il venait de le blesser fortement.

Buu afficha sans le vouloir une grimace de regret, qui disparut rapidement. Il avait donc arraché le coeur d’un être animé à diverses reprises pour ces expériences, et il ressentait de la culpabilité à cette pensée.



Quoi ?

Du regret ? De la culpabilité ?

Depuis quand se préoccupait-il de sentiments aussi pathétiques ?



Le géant leva son bras gargantuesque au niveau de son torse et donna un violent coup en direction du Djinn. Ce dernier perdit vite toute notion de remords pour s’entourer d’une intense aura mauve. De toute sa force, il contra poing contre poing l’attaque du golem, dont le bras s’effrita de parts et d’autres sous la force de l’impact. Irrité, le colosse se mit à briller d’une éclatante lueur pourpre, qui parcouraient les failles des rochers qui composaient son corps. Buu en fut à la fois fasciné et estomaqué. Cet être de pierre pouvait utiliser l’énergie, et la concentrer en un point précis !

Alors que le golem ouvrait sa bouche pour lancer un rayon d’énergie surpuissant, Buu joignit ses mains et concentra lui aussi son Ki entre ses paumes, s’écriant tout en balançant ses bras en avant :

– Kamehame… HA !!

Les deux tirs entrèrent en collision, et restèrent confrontés l’un à l’autre durant quelques secondes, avant que l’attaque de Buu n’englobe complètement celle du monstre pour s’engouffrer dans sa bouche. Très vite, la puissante rafale de Buu s’insinua dans la moindre parcelle de son organisme, fissurant et annihilant tous les cristaux de son corps. Son coeur ne fit pas exception. Le géant fut secoué de spasmes violents, et commença à s’effondrer sur lui-même, ses membres se disloquant. Buu ressentit une forte aura en cours d’implosion, et comprit le danger auquel il était exposé. Étirant son bras vélocement, il attrapa un morceau de cristal inerte qui tombait avant de s’échapper à toute vitesse dans l’espace.

Ayant mis une certaine distance entre lui et la planète, Buu vit cette dernière exploser au loin. La vague d’énergie fut si violente qu’elle engloba une bonne partie du système, désintégrant tout corps céleste qui se trouvait dans son champ d’action. Le coeur du géant avait déchargé tout son pouvoir dans une considérable conflagration. Le Djinn était encore choqué par ce qui venait de se passer. Tout s’était passé vraiment très vite.



Pour vous aussi, n’est-ce pas, amis lecteurs ? C’est confus ? C’est trop rapide ? Ce n’est pas très détaillé ? Alors c’est comme vous y étiez, hu hu hu… Vous voilà comme moi, au cœur de l’action, sans mauvais jeu de mots. Vous ne le voyez pas, mais je vous fais un clin d’oeil.

Buu s’approcha quelques instants après, examinant les débris de la planète qui erraient dans l’espace. Il n’y avait aucune trace d’un cristal pourpre encore vivace. Seulement des roches fragmentées qui témoignaient de la présence d’un monde auparavant. Il regarda le morceau de cristal inerte qu’il tenait en main, dégoûté. En constatant le niveau d’énergie dégagé par le géant lors de son rayon, il avait cru pouvoir livrer un duel de vagues déferlantes équitable, un véritable défi pour sa toute-puissance. Non seulement il s’était fourvoyé, mais il venait de détruire un formidable objet d’étude.

Pire encore à ses yeux, il éprouvait un malaise. Et cette fois, pas d’erreur : il se sentait mal d’avoir détruit ce géant et ce monde.

Pourtant, il n’avait eu aucun problème à assassiner de sang-froid des aliens en grand nombre.



À engloutir plusieurs populations sous forme de sucreries.



À démembrer un soldat sous les yeux de son enfant, quelques semaines plus tôt.



Alors, pourquoi est-ce qu’il éprouvait du remords pour ce géant ?



Il réalisa vite que ce n’était pas seulement pour lui. Peut-être était-ce seulement un élément déclencheur. Il avait passé toute cette semaine à écouter ces voix lointaines qui lui soufflaient des idées et des pensées utiles. Et l’influence des Terriens se faisait de plus en plus grandissante. La bonté de Son Gokû et de ses amis pénétrait de plus en plus la moindre fibre de son corps, et il éprouvait maintenant de la tristesse à l’idée de tous ces meurtres de sang-froid.



Buu se mit instantanément une claque puissante, faisant décoller sa tête à plusieurs dizaines de mètres dans l’espace.



Tandis que sa tête flottante retournait auprès de son corps comme si de rien n’était, il réfléchissait sérieusement. Ce n’était pas qu’une question d’absorption. Sur Terre, son ancien lui avait eu de l’amitié pour un jeune enfant. Et une connexion sincère avec le Terrien appelé Satan. Même en évoluant, il n’avait jamais pu s’en prendre à lui. Quand il s’apprêtait à détruire la Terre après avoir acquis Son Gohan, il craignait de ne pas pouvoir lancer l’attaque finale. Si Son Gokû avait fusionné avec le champion, sans doute aurait-il pu outrepasser ce blocage.



Mais, maintenant, il s’interrogeait. Il s’était rendu compte qu’il appréciait passer de bons moments parmi les êtres vivants de l’univers. Le carnage n’était plus sa raison de vivre. D’exister. De s’amuser.

Il avait en tête ces moments de paix que les Terriens avaient vécu durant leurs vies. Son Gokû et sa famille au bord d’un étang, profitant d’un bon pique-nique. Bulma offrant un cadeau d’anniversaire hautement technologique à son fils Trunks. Piccolo caressant tendrement les cheveux de son élève endormi, épuisé par son entraînement, isolés dans le désert, alors que le Namek découvrait l’affection et quittait la profonde solitude qui le tourmentait depuis sa naissance....



C’était une autre dimension que Buu effleurait. Celle de la paix, de la sérénité.

Un désir de protection, de bienveillance. De compassion.



Buu recolla sa tête au reste de son corps, et porta son index à son menton, dans un geste de réflexion. Un astéroïde le percuta, mais il n’en prit même pas conscience.

Il était né pour être une créature maléfique meurtrière. Il avait vécu des millénaires dans cet état d’esprit. Même sans cerveau, il avait adoré ça. Et il n’avait aucun problème à dire qu’il appréciait un bon génocide de temps en temps.

Mais ce nouvel aspect de sa vie l’intriguait, le dérangeait. Il sentait que la vie de bon samaritain avait d’excellents côtés. Était-ce dû à ses absorbés ? À ses observations durant son errance sur Terre ? Ne devenait-il pas plus… Humain ?



La Terre… Il aimait ce monde plus qu’il ne souhaitait l’admettre. Quand ses pensées se tournaient vers elle, il avait des images fugitives de Chi-Chi préparant de bons plats. Du chien avec lequel il s’amusait. Du ciel azuré qui lui renvoyait une image paisible de la vie. Un contraste écoeurant avec son désir de combat et de sang.

Il apportait tant de considération à cette planète bleue que, durant ces trois derniers mois, après s’être entraîné à de multiples oeuvres artistiques, il avait expédié une symphonie musicale et un tableau majestueux de lui-même aux Terriens, afin de se rappeler à leurs bons souvenirs. Il ne savait pas pourquoi il avait fait ça. Cela ne lui apportait rien, sinon une certaine satisfaction… Et de l’inconfort.

Il voulait comprendre cet altruisme naissant en lui, qui lui était tant étranger.



Il fallait qu’il en ait le coeur net.



Durant les jours qui suivirent, Buu visita plusieurs mondes, à la recherche d’une surface densément peuplée, et si possible dans une situation assez mauvaise. Il en trouva rapidement une, un monde majoritairement couvert de tempêtes de sable violentes. Le nombre de signatures vitales qu’il détectait était conséquent, il y avait sans doute matière à faire quelque chose.



Un mois.

C’est le temps que se donnait Buu pour venir en aide auprès de ce peuple.

L’objectif était simple : être le plus serviable et charitable possible.

Protéger ce monde comme Son Gokû et ses amis le feraient.

Comprendre enfin la valeur de ce que ces valeureux guerriers chérissaient tant, au point de lutter et se sacrifier pour l’empêcher de l’emporter.



Était-il dans l’erreur depuis le début ?



Buu regarda ce monde qui lui faisait face pendant quelques secondes, silencieux et perplexe, puis se décida à atterrir subitement.

Il se dirigea vers ce qui semblait être une ville enfouie partiellement dans des sables rougeoyants. Une bonne partie des habitations, des sortes de huttes en pierre, étaient ensevelies sous les innombrables grains vermeils. L’air ambiant était âcre, brûlant. Le ciel était très peu visible, dissimulé par une espèce d’atmosphère corrompue par les courants de sable qui le rendaient opaque.



Autour de lui, dans une large rue qui menaient au loin vers une grande citadelle emmuraillée, Buu vit de nombreux aliens encapuchonnés défiler sans se préoccuper de lui. Ils toussaient fortement, se cachaient le visage de leurs capuchons, et semblaient souffrir de leur environnement. Buu fronça les yeux, songeur. Ces individus ne semblaient guère adaptés à la vie sur leur monde. Ce n’était pas un milieu viable, car l’état de la planète avaient manifestement des effets négatifs sur ces aliens. C’était donc une situation subie, et récente. Que s’était-il passé ?



Il sentit un choc derrière lui, au niveau de sa jambe gauche. Il se retourna et vit un enfant au visage vert, de grands yeux larmoyants, qui se tenait par terre. Visiblement, il n’avait pas vu le Djinn et l’avait percuté. L’enfant prit peur en voyant cet étranger se tenir de haut face à lui. Ce dernier demeura silencieux, et vit une sorte d’outre dans les bras de ce petit alien.

Quelques mètres plus loin, des bruits retentirent, et les habitants poussèrent des cris en se poussant sur le côté. Trois individus apparurent. Des souvenirs de Vegeta, Buu conclut vite que ces hommes étaient d’anciens soldats des troupes de Freeza, à leurs armures, leurs casques et leurs détecteurs. Ils portaient un masque qui paraissait les protéger de l’air irritant.

– Je vais t’apprendre, moi, à voler ce qui appartient à Pear, vermine ! Tu vas servir d’exemple !

Il pointa son armement vers l’enfant qui se couvrit les yeux, terrorisé. Il entendit un son d’attaque, et crut sa mort venue. Mais, deux secondes plus tard, il entendit un bruit sourd d’un corps qui tombait. Étonné, il enleva ses mains, pour voir le cadavre de ce soldat arrogant à terre, sous le regard de ses camarades médusés. Derrière lui, l’étranger avait tendu son bras, et transpercé la poitrine du soldat.

– … Avant de traiter les autres de vermine avec votre misérable puissance, regardez-vous donc un peu. Attaquer les faibles avec des armes, vous n’êtes que des larves, dit Buu d’un air courroucé.

Les habitants le fixèrent tous, ébahis. Qui était donc cet alien qui venait de sauver l’un des leurs, et se dressait contre l’oppresseur ?

– En… Enfoiré ! s’écria l’un des survivants en tirant une salve d’énergie sur Buu.

Ce dernier ricana et ouvrit grand la bouche pour avaler l’attaque. Déglutissant, l’énergie de l’arme s’évapora des orifices de son crâne sous forme de fumées. L’attaquant tressaillit d’effroi alors que Buu se déplaçait en une fraction de seconde devant lui, lui assénant un puissant coup de pied dans le menton. Le corps du fantassin voltigea à plusieurs dizaines de mètres dans les airs, tandis que Buu agrippait sans attendre le visage déformé par la peur du dernier survivant.

– Ku ku ku... , susurra Buu en savourant l’instant. Alors, on s’en prend aux enfants ? Vous êtes si faibles que vous devez attaquer des innocents sans défense, pour vous sentir forts ? Vous êtes aussi risibles que votre ancien maître !

– Qu.. Tu connais Fr… - commença le soldat avant d’être interrompu par un violent coup dans l’abdomen qui pulvérisa tout son organisme et coupa toutes ses fonctions vitales, tant le coup était puissant.

– Bien sûr ! Qui s'est occupé de lui, à ton avis ? Ironisa Buu.



Enfin… Je déforme un peu les choses là. Mais c’est plutôt pertinent, en y repensant. Vous savez, après tout Gokû et un Trunks sont en moi. Si on compare avec leurs versions venant du Futur, c’est l’inverse : Gokû du Futur avait tué son Freeza du Futur, et Trunks du Futur avait tué Freeza du Présent. Mes Gokû et Trunks n’en ont tué aucun. C’est une anecdote amusante. Personne de cette temporalité n’a tué Freeza. Autant m’en attribuer le mérite.

Buu laissa tomber la carcasse du bourreau sans ménagement, un regard de dégoût sur le visage. Il se tourna ensuite vers l’enfant incrédule et mit un genou à terre, l’observant en disant d’un ton rassurant :

– Tu vas bien, petit ? Rien de cassé ? Ils ne t’ont pas fait de mal ?

– Je… Je... , bégaya l’enfant, partagé entre la reconnaissance, la stupeur et la panique.

Il fut interrompu par les villageois qui se regroupaient autour de Buu. Tous le remerciaient et le congratulaient pour son intervention.

– Du calme, du calme, fit Buu en levant les mains. Ce n’était rien. Je déteste ceux qui abusent de leur pouvoir pour s’en prendre aux autres, ajouta-t-il avec hypocrisie.



Enfin… Était-ce vraiment de l’hypocrisie ? J’étais là pour le savoir…

– Que se passe-t-il sur cette planète ? dit-il en plissant les yeux.

Un villageois lui expliqua que, depuis la disparition de Freeza et de sa famille, des déserteurs de son armée, au nombre d’une quarantaine, s’étaient installés sur ce monde autrefois florissant et avaient usé de la force pour s’accaparer toutes les richesses. Peu à peu, ils avaient appauvri et desséché toute la planète, possédant quasiment toute les ressources naturelles comme l’eau et les minerais, transformant la surface de ce monde en un immense désert aride. Ils maltraitaient toujours la population, usaient de la brutalité et de la peur pour s’assurer leur obéissance, et se comportaient comme de vrais princes tyranniques.



Buu était mitigé à l’écoute de cette histoire. D’un côté, il n’en avait royalement rien à faire. Il n’y avait aucun challenge, aucune excitation d’un éventuel combat. Juste des faiblards opprimant d’autres faibles. Cette planète était toute juste bonne à être détruite.

Et pourtant… En contemplant les yeux larmoyants de l’enfant, et les visages plein de détresse des villageois, il ne pouvait s’empêcher de ressentir de la pitié, de la sympathie. Ils paraissaient si fragiles, si nécessiteux, si… désespérés…

L’idée de les abandonner lui semblait tentante, mais abjecte. Vegeta n’aurait pas daigné intervenir pour les aider, mais Son Gokû et les autres auraient foncé sur la citadelle pour les libérer du joug des tyrans. Lui-même se souvenait de sa longue existence soumise à des sorciers méprisables, à son profond sentiment d’abandon, et à la promesse d’une rédemption offerte par Satan.



Il était dans une telle optique de comprendre l’empathie et ses autres sentiments humains qu’il s’était abstenu de lire dans les pensées des villageois, pour entendre leurs voix, analyser la moindre vibration, les changements de tonalité, les tics visuels et corporels. Saisir les signes des sentiments négatifs que sont la peur, la détresse, le désespoir. Avec ce simple échange avec des aliens reconnaissants, Buu se rendit compte qu’il apprenait énormément de choses.

Il commençait à saisir l’immensité des détails qui composaient les interactions sociales, impulsées par diverses émotions. C’était un nouveau macrocosme qui s’ouvrait à lui. Cela ne cessait jamais. Et cette fois, ce n’était pas un talent absorbable. Il allait devoir tirer des conclusions lui-même. Et il était ravi d’y faire face.



Après avoir discuté avec les habitants, Buu prit la parole.

– Je comprends, dit-il d’une voix forte et rassurante. Ce que vous subissez est injuste et cruel. Mais n’ayez crainte, je vais vous apporter mon aide. Je vous rendrai ce monde qui vous a été enlevé, et vous pourrez de nouveau vivre en paix. En attendant, cachez-vous dans vos habitations. Je vais aller recadrer ces avortons insolents, enfermés là-haut.

Il s’agenouilla de nouveau auprès du petit alien, et tendit sa crête au-dessus de lui. Pendant une fraction de secondes, l’enfant fut pris d’angoisse, avant d’être auréolé d’un faisceau mauve. Toutes les douleurs, marques et sensations de souffrance qu’il pouvait ressentir venaient d’être dissipées. Il eut un sourire ébahi en contemplant son corps soigné. Il se sentait vivre et respirer à nouveau.

– Voilà, tu devrais te sentir mieux, ajouta Buu d’un ton affectueux.

Les villageois étaient sidérés par une telle prouesse, et une si grande générosité de la part d’un étranger qui n’était pas concerné par leur situation. Ils l’avaient entendu plus tôt, et pensaient que c’était lui qui avait mis fin au règne despotique de celui qu’on appelait Freeza, des années plus tôt. Il était vraiment un être miraculeux, littéralement tombé du ciel, venu ici pour leur offrir une délivrance tant espérée.



L’enfant leva des yeux plein de joie et de larmes vers Buu, qui fut secoué en ayant un flash du petit Terrien à qui il avait rendu la vue. Ce parallèle était percutant, et il ressentait des émotions contradictoires.

– Merci, merci ! s’écria l’enfant en se plaquant contre lui, ému par tant de bontés.

– Il n’y a vraiment pas de quoi, répondit Buu, incertain. Dis-moi, que faisais-tu avec cette outre ?

– Ah… Ah oui !! cria le petit alien en serrant l’outre contre lui. C’est.. C’est ma maman, elle ne va pas bien du tout ! Elle a besoin de cette eau, elle va mourir si elle ne boit pas !

Une situation désespérée de plus. Parfait.

– Déshydratée, hein ? sourit Buu. Même chez vous, l’eau est essentielle à la survie. Tellement similaires d’un monde à l’autre…

Il arracha l’outre des mains du petit et se releva, disant :

– Prends ma main.

Le petit alien ne comprit pas immédiatement, et saisit la main tendue du Djinn avec hésitation. Aussitôt, Buu s’envola, faisant pousser un cri de panique au petit alien, tandis que les villageois devenaient de petits points noirs en-dessous d’eux, leurs cris s’évanouissant avec la distance.

– Où est-ce que tu habites ? Demanda Buu à l’alien accroché à lui.

– Là… Là-bas ! La maison en sortie du village, avec l’arbre.. Mort, à côté, répondit son passager d’un ton éploré.

Sans perdre un instant, Buu se dirigea vers la maison, et rentra sans sommation dedans. Il vit une alien en piteux état, allongée au sol, haletant difficilement. En une fraction de seconde, Buu sonda son état, et c’était effectivement un cas de force majeure : elle ne tarderait pas à mourir sans eau.

Il fonça vers elle, l’enfant sur ses talons, et ouvrit la gourde qu’il porta à sa bouche. Soucieux, Buu utilisa également sa magie pour auréoler sa patiente. Progressivement, l’alien reprit des couleurs et son souffle se fit plus régulier. Elle ouvrit soudainement les yeux, l’air perdue. L’enfant se rua dans ses bras.

– Maman ! hurla-t-il de joie et de soulagement.

– Que… Que s’est-il passé ? bégaya-t-elle d’incompréhension.

Elle aperçut Buu qui s’était mis un peu en retrait. Il en avait profité pour la soigner avec sa magie, car il doutait qu’une simple outre d’eau suffise à la remettre d’aplomb. Il lui fallait un maximum de reconnaissance, et pour ça, il devait se faire connaître comme un faiseur de miracle. L’enfant et sa mère allaient clamer ses interventions partout autour d’eux, et il en retirerait énormément de prestige et de considération.

Être un héros. L’idée n’était plus si mauvaise…

Être aimé, adulé, admiré. Apprécié…

– Bien, fit-il en souriant joyeusement. Voilà qui est fait. Ta mère va se porter comme un charme. Maintenant, je vais aller m’occuper de ces lâches qui se terrent dans leur trou.



Usant de la téléportation Kibitoshin, il disparut sous les yeux médusés de la famille qu’il venait de secourir. Ayant l’image de la citadelle et sa localisation bien en tête, il apparut en plein coeur de la structure, au centre d’une vaste salle luxueuse dans laquelle se complaisaient les anciens soldats de Freeza. Au fond de la pièce, quatre sièges occupés par des individus portant des armures décorées. Sans aucun doute ceux qui s’étaient auto-proclamés “chefs”.

Tout le monde s’immobilisa en le voyant se tenir parmi eux. Buu regarda rapidement autour de lui. Aucun doute, ils étaient tous là. Le compte était bon, il ne sentait pas de puissance équivalente sur le reste de la planète. Ces joyeux fanfarons, en train de rire et de se nourrir sans vergogne des ressources si précieuses de la population, allaient payer de leur vie leur débauche et leur luxure.

– Que… Un intrus ! s’écria l’un des quatre meneurs, celui qui s’appelait Pear, et qui était le plus gros des soldats, tenant difficilement dans son armure.

Lents et peu réactifs, les guerriers se redressèrent difficilement. Si lents que Buu s’était déplacé à grande vitesse tout autour d’eux, de telle sorte qu’on pouvait croire qu’il y avait des centaines de Buu dans la salle. Les fantassins tremblèrent en tournant leurs regards agités autour d’eux, tirant à confusion. Certaines images de Buu disparaissaient, mais le Djinn s’amusait à tapoter dans leur dos ou à leur mettre des croches-pieds.

– C’est quoi ce délire, c’est qui ce type ? fit un autre meneur, un dénommé Konutko, qui voyait son détecteur se détraquer.

Buu s’immobilisa, tenant un fantassin dans les airs par le cou, les jambes flageolantes. Il fronça ses yeux qui brillèrent d’une lueur rouge terrifiante, faisant trembler tous les soldats. Il se lécha les lèvres en disant d’une voix douce, qui rappelait au soldat une époque terrible :

– Voyons, voyons… Une telle dépravation est intolérable… Vous étiez vraiment des soldats d’une armée aussi illustre ?



En disant ces derniers mots, Buu métamorphosa son visage de telle sorte qu’il ressemble à celui de Freeza, trait pour trait. Il en était capable, il avait déjà pris le faciès d’un terrien top-model pour s’amuser, lors de sa libération. Et les souvenirs des Saiyans étaient très précis pour reproduire ce tyran cauchemardesque. Les meneurs s’agenouillèrent, les yeux terrorisés, plein de larmes.

– Sei… Seigneur, comment… Veuillez nous pardonner… Épargnez-nous…

Sous les traits de Freeza, Buu durcit son regard de telle sorte que les guerriers s’effondrèrent en reculant, pris d’effroi.

– Misérables vermines ! Vous allez subir la plus effroyable des douleurs avant de mourir comme les insectes que vous êtes !

Buu aimait beaucoup imiter le Démon du Froid dans sa cruauté, sa palabre, son comportement. Il se délectait déjà du châtiment qu’il allait infliger à ces imbéciles. Il en retirait d’ailleurs plus de réjouissance et d’excitation qu’en se montrant comme un samaritain. Était-ce dû à sa nature maléfique ?

Buu reprit son visage habituel, et conclut d’un ton doucereux :

– Au fait, je suis des millions de fois plus fort que Freeza. On m’appelait Majin Buu, mais… Vous pourrez parler de moi sous le nom de “Buu”, en enfer. Et ça, c’est pour les habitants que vous avez opprimés. Mes hommages au roi Enma !

Alors que les soldats captaient à peine le sens de ces mots, ils eurent tous le coeur perforé en l’espace d’un instant. Buu usait de l’ancienne technique favorite de Freeza, le doigt tendu, et employait un rayon d’énergie si fin qu’il était invisible pour ceux qui ne parvenaient à suivre sa vitesse. Avec un petit ajout de son cru : une immense vague électrique s’insinuait dans leurs corps au moment de l’impact, et provoquait une douleur telle qu’elle les accompagnerait un moment dans l’au-delà. Quand un écart de puissance était si grand, et le choc si violent, l’âme et l’esprit pouvaient en ressortir traumatisés. Même Enma n’y pourrait rien. Et Buu n’avait aucune pitié pour de tels déchets. En quelques secondes, ils s’effondrèrent tous à terre, la vie ayant quitté leur corps.



– Bon, et maintenant ! s’exclama Buu en claquant ses mains l’une contre l’autre.

Il déploya sa crête, et transforma tous les cadavres en chocolat, qu’il avala d’un coup, mâchant à grandes dents. Ce délicieux goût de sang frais rassasiait sa soif de meurtre et de carnage qu’il réprimait difficilement. Pour agir comme un être serviable et amical durant tout un mois, il lui fallait contenir ses pulsions. Maintenant qu’elles étaient assouvies, et qu’il avait fait d’une pierre trois coups, il allait pouvoir lancer son nouveau sujet d’études.

Être quelqu’un de bien.

Comprendre l’effet que ses absorbés avaient sur lui.

Juger la portée de leur influence, dans quelle mesure.

S’il pouvait y faire quelque chose.

Comment son propre corps fonctionnait.



Durant les semaines qui suivirent, le peuple de ce monde ensablé reprit un quotidien empreint de paix et de sérénité. Les criminels qui les avaient asservis étaient désormais de l’histoire ancienne, et ils pouvaient de nouveau sortir sans crainte d’être attaqués. Ils devaient leur salut à cet étranger mystérieux au corps rose, dont ils avaient appris le nom, tout aussi étrange : Buu. Si certains se méfiaient de lui malgré tout les premiers jours, ils apprirent vite à le respecter et à l’apprécier. D’ordinaire, quand un tyran était renversé, un nouveau, pire encore, prenait sa place.

Mais cette fois, c’était différent. Pas une seule fois, Buu n’avait usé de sa force contre un villageois. Au contraire, chaque jour, il se rendait auprès des malades et des faibles, et usait de ses incroyables pouvoirs pour les soigner ou apaiser leur douleur. Malheureusement, pour les personnes en fin de vie, il ne pouvait pas les rajeunir ou prolonger leurs existences. Toutefois, toutes les pathologies et les conséquences dues à la dégradation de la planète, dans sa morphologie, son atmosphère et ses conditions calamiteuses à la surface, étaient guéries sans aucun problème.

Buu ne connaissait pas la maladie. Son corps était parfait. Et il pouvait soigner n’importe quelle blessure, même mortelle, ainsi que les bactéries dangereuses et les infirmités. Sa seule limite était la résurrection des autres. Tant qu’il restait une fibre de vie dans un corps, il pouvait ramener un individu en bon état. C’était un pouvoir vraiment appréciable, digne d’un dieu salvateur.

En libérant la citadelle, Buu avait permis aux villageois de récupérer leurs biens et leurs ressources. Des centaines de larges tonneaux d’eau, ainsi que beaucoup de victuailles et de remèdes. Bien que ces derniers étaient désormais inutiles, avec la présence de Buu. Cependant, ce dernier leur avait bien fait comprendre qu’il s’en irait dans un mois, pour des raisons qu’il n’expliquerait pas. Il avait cependant promis son aide totale pour leur assurer une vie meilleure, et un avenir empli d’espérance.



L’enfant que Buu avait protégé passait beaucoup de temps avec le Djinn. Reconnaissante, sa mère préparait des repas de qualité que Buu avalait sans aucun remord, n’omettant pas de remercier la famille pour sa générosité. Il avait rafistolé leur maison qui tombait peu à peu en ruines, et ils ne pouvaient trouver les mots pour lui exprimer leur gratitude.



Buu fut rapidement confronté au problème majeur de la population et de ce monde. Les terres étaient devenues arides, la planète était mourante, siphonnée dans les profondeurs du sol de toutes ses nappes aquatiques et autres liquides. Le désert gagnait du terrain, et les tempêtes de sables se faisaient plus fréquentes, plus violentes. Buu profita de cette situation dramatique pour mêler ses connaissances scientifiques à ses capacités magiques.

Usant des ressources intellectuelles apportées par Bulma, qui était sans nul doute la plus grande génie scellée dans son corps, il lutta pendant ces quatre semaines entières contre l’étendue des sables par la création magiques d’appareils destinés à la réhydratation des sols, par la transformation du sable en eau. Sa magie ne servait pas uniquement à transformer des êtres vivants en bonbons. Il pouvait tout faire. Il se rendait compte que son potentiel n’avait aucune limite.



À la fin du mois…

Buu était dans la maison d’un vieil alien, quelques instants avant son départ, à l’écart du village. Il s’apprêtait à dire adieu au peuple qu’il avait aidé des jours durant, mais il tenait à aller jusqu’au bout des choses.

Malheureusement, le vieillard était en fin de course. Il n’en avait plus pour longtemps. Buu hésitait sur la marche à suivre. Le tuer, et abréger ses souffrances ? Le laisser dépérir ? Le transformer en bonbon, que sa mort serve à quelque chose ?

Aveugle, l’alien se tourna néanmoins vers lui et sourit tristement.

– Je te sens tourmenté, étranger, dit-il d’une voix faible. Je sais que la mort vient me chercher. C’est le lot de tous...

“Pas le mien”, ricana Buu intérieurement.

– … mais tu ne dois pas t’inquiéter. J’ai eu une vie bien remplie. J’ai vu beaucoup de choses, j’ai beaucoup appris, j’ai eu une famille merveilleuse. Je peux partir en paix…

Buu tiqua à ses paroles. Il en avait presque oublié de procéder à des absorptions utiles. Quoique, ce monde n’avait rien à offrir. Mais cet alien avait une longue vie d’expérience. Des savoirs, des connaissances. Toujours plein de choses intéressantes. De plus, Buu voulait au moins un échantillon de chaque espèce, pour développer son bestiaire des espèces de l’univers, ainsi que leurs caractéristiques.

– J’ai une proposition à te faire, vieux sage, répondit Buu avec une lueur malicieuse dans les yeux. Je peux t’offrir la vie éternelle. Si tu consens à te laisser absorber, tu vivras à travers moi, et tes connaissances ne seront jamais perdues. Qu’en dis-tu ?

– Ce que tu dis là est stupéfiant, dit le vieil alien, une goutte de sueur sur le front, sentant le danger. Cependant, je préfère m’éteindre paisiblement, retrouver les miens dans l’autre monde. Merci de ton offre, mais je préfère accepter mon sort.

– Dommage, ricana Buu en oubliant momentanément son altruisme pour revenir à son pur égoïsme. Mais même si je me suis montré gentil avec vous tous, je n’ai jamais eu l’intention de me priver de petits plaisirs, et de m’éloigner de mon objectif. Tu es le meilleur sujet à assimiler, tu n’as pas le choix. Bienvenue chez moi !

Avant de laisser le vieillard rétorquer, il étouffa son cri en l’engluant dans une vague de gelée rose qui l’assimila rapidement. Voilà qui était fait. Buu sentait ses connaissances croître. L’alien n’était pas mort, mais endormi pour l’éternité, sa conscience fusionnant avec les cellules du Djinn pour s’évaporer et disparaître.



Satisfait, Buu quitta la maison pour se rendre sur la place centrale du village quelques kilomètres plus loin, où tous l’attendaient avec impatience.

Avec les efforts de Buu, le village était redevenu verdoyant et prospère. Le climat avait retrouvé une certaine stabilité, et de nombreux arbres et autres signes de végétation commençaient à se développer partout. Un large étang bordait l’extérieur ouest du village, et la citadelle se dressait tel un joyau naturel. Le désert avait reculé, les tempêtes de sables s’étaient estompées, et le ciel présentait une couleur violacée qu’il n’avait pu distinguer à son arrivée. La planète entrait dans un nouvel âge d’or.

Buu arriva auprès du peuple qui poussa des cris enthousiastes en le voyant, mais aussi des sanglots éplorés. Il les avait tant aidés, eux qui avaient traversé un véritable enfer. Ils lui devaient la vie, et bien plus encore.

– Vous n’avez plus à vous préoccuper du vieil ermite en-dehors du village. Sa vie a pris fin, je me suis occupé de sa dépouille, les informa le Djinn d’un air faussement désolé. Il est désormais temps pour moi de regagner l’espace, d’autres ont besoin de moi.

– On… On vous reverra, m’sieur Buu ? dit le jeune alien qu’il avait protégé, enlacé par sa mère.

– Peut-être nos routes se recroiseront-elles, dit Buu en se surprenant à sourire naturellement… Et sincèrement.

– Merci pour tout, vous serez toujours le bienvenu ! s’exclama un villageois.

– On ne vous oubliera jamais, dit la mère de l’enfant en séchant une larme.

Buu eut un dernier signe d’adieu avant de s’envoler en direction des cieux, salué par la foule éplorée. Alors qu’il parvenait en-dehors de l’atmosphère, Buu s’arrêta et se retourna, observant silencieusement la planète.



Il tendit lentement le bras et forma un Kikoha dans la paume de sa main, prêt à pulvériser ce monde. Il voulait voir. Il voulait savoir.

Une seconde s’écoula. Puis deux. Puis dix. Puis une minute entière avant que Buu ne dissipe sa boule d’énergie. Il fixa sa main, perplexe.



Il ne pouvait pas détruire cette planète.



Le souvenir de ces quatre semaines était fermement ancré en lui.

Comme sur Terre, il était empreint de profonds sentiments qui lui ôtaient l’envie de détruire quelque chose à laquelle il portait de l’affection.



Il se sentait perdu.



Il était certain d’aimer la destruction et le carnage. Mais il avait pris plaisir à aider ces gens. À les protéger. Il se découvrait de nouveaux aspects de sa personnalité à chaque expérience.

Mais qu’était donc cette personnalité ? La seule qui lui avait toujours convenue, c’était le désir de violence, la soif de combat. Avant d’absorber les Terriens, il aurait réduit la planète en cendres sans aucun état d’âme.



Les états d’âme… C’est ça, cette faiblesse qui s’accrochait à lui ? Provoquée par ses proies ?



Il serra le poing, furieux. L’influence de ses prisonniers commençait fortement à lui taper sur le système.

Mais il ne pouvait s’empêcher de leur être reconnaissant.

Sans eux, il n’apprécierait jamais la vie et ce qu’elle avait à lui offrir.



Buu était dubitatif.

Il allait devoir produire une expérience contradictoire pour continuer à étudier ses émotions, et l’influence de ses absorbés.

Il sourit en se demandant comment il réagirait face à un carnage d’une sauvagerie au-delà de toute imagination, à du sadisme à l’état pur, à une violence d’une brutalité inouïe.



Il se réjouit en constatant qu’il prenait déjà goût à cette idée.



Il était temps de redevenir un pur guerrier.

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Nouveaux avatars : les films et les soldats

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